Que faire quand votre manager minimise vos émotions ?

“Non, mais Jean-Pierre attend, ne le prends pas comme ça ! … Emilie, détends-toi, ne te mets pas dans cet état-là ! … Ça va Charlotte, allez, n’en parlons plus tu veux… Bon allez Patrick, on passe à autre chose maintenant que tu as fini ta crise ?!”

Ces petites phrases, les avez-vous déjà entendues au bureau ? C’est ce qu’il se passe quand un manager ou même collègue minimise vos émotions. On appelle aussi cela l’invalidation des émotions.

Le problème c’est que les émotions ont un sens. L'essence même d’une émotion c’est d’être exprimée et d’être reçue, interprétée par les autres. Alors quand on se voit opposer un mur d’indifférence, parfois ça coince un peu !

💣 Surtout dans un environnement professionnel avec du stress et de la pression par-dessus, la situation peut vite devenir explosive !

Dans ce troisième épisode de notre série “émotions fortes”, nous explorons les enjeux de la minimisation des émotions, ses conséquences néfastes sur l'ambiance au bureau et comment y faire face si vous en êtes victime.

Qu’est-ce que l’invalidation émotionnelle ?

L'invalidation émotionnelle ou la minimisation des émotions fait référence à un comportement ou à une attitude qui nie ou rejette les émotions d'une personne.

😣 Cela se produit lorsque les sentiments, les expériences émotionnelles ou les expressions émotionnelles d'une personne sont ignorés, dévalorisés, ridiculisés ou rejetés par d'autres, généralement dans un contexte relationnel comme la vie professionnelle ou sentimentale;

Et lorsqu'une personne est confrontée à l'invalidation émotionnelle, cela peut avoir des conséquences négatives sur son bien-être émotionnel et sa santé mentale.

Voici quelques exemples d'invalidation émotionnelle parmi les plus courants :

1. Minimisation : C’est la plus classique ! Le fait de réduire l'importance ou la validité des émotions de quelqu'un en les considérant comme insignifiantes ou exagérées. → "Ce n'est pas si grave, arrête de dramatiser".

2. Déni : Nier purement et simplement les émotions d'une personne ou leur existence. → "Tu n'as aucune raison d'être triste, tu exagères".

3. Ridiculiser : se moquer ou tourner en dérision les émotions de quelqu'un, ce qui peut les faire se sentir honteux ou ridiculisés. → "Arrête de pleurer, tu es tellement sensible".

4. Accuser : rejeter la responsabilité des émotions de quelqu'un sur lui-même, suggérant qu'il est responsable de les ressentir. → "C'est ta faute si tu es énervé, tu devrais contrôler tes émotions".

5. Comparaison ou jugement : Comparer les émotions de quelqu'un à celles des autres ou les juger en fonction de ce qui est considéré comme "normal" ou "raisonnable". → "Les autres ne réagiraient pas de cette façon, tu es trop sensible".

→ L'invalidation émotionnelle peut avoir un impact significatif sur la confiance en soi, l'estime de soi et la relation avec les autres.

Quelles en sont les conséquences ?

Être victime d’une sous-cote ou d’une minimisation de vos émotions peut vous amener à vous-même les réprimer, à ne pas les exprimer ou même à les sous-estimer en faisant semblant qu’elles n’existent pas.

Pire, au fil du temps, il peut même devenir difficile de les reconnaître et de prendre conscience que nos limites ont été dépassées.

Dans la vie professionnelle en particulier, la négation de ses émotions peut avoir de graves conséquences, de la mauvaise estime de soi en passant par la démotivation et le burn-out. Lorsque vos émotions sont sous-évaluées, cela peut entraîner une détérioration de la relation avec votre manager. Vous pouvez vous sentir incompris, négligé ou même méprisé.

Une communication inefficace et un manque de confiance peuvent alors s'installer, ce qui nuit à la collaboration et à la coopération au sein de l'équipe.

Pourquoi votre manager minimise-t-il vos émotions ?

Il existe plusieurs raisons pour lesquelles les managers ont tendance à invalider les émotions d'un collaborateur dans la vie professionnelle.

D’ailleurs, en étant honnêtes, nous avons tous déjà invalidé les émotions de quelqu’un sans même le vouloir. La raison principale est que dans beaucoup d’environnements sociaux ou familiaux, on nous apprend à ne pas parler de nos émotions. Alors, comment ensuite valider les émotions d’autrui si nous n’avons pas conscience des nôtres ?

Invalider les émotions de l’autre peut également être considéré comme un mécanisme de protection. Nous préférons rejeter les ressentis d’autrui en bloc, pour ne pas regarder la réalité en face et accepter le fait de nous être trompé ou d’avoir agi de manière inappropriée.

Dans une entreprise, les choses sont un peu différentes, voici quelques explications possibles qui ne sont pas pour autant des justifications de l’invalidation des émotions d’autrui.

1. Culture organisationnelle : Certaines cultures d'entreprise ou environnements de travail peuvent valoriser une approche axée sur la rationalité, la performance et l'objectivité, reléguant les émotions au second plan. Les managers peuvent donc minimiser les émotions des collaborateurs pour se conformer à cette culture ou pour maintenir un environnement de travail axé sur les résultats.

2. Méconnaissance ou inconfort vis-à-vis des émotions : Certains managers peuvent ne pas être conscients de l'importance des émotions dans le milieu professionnel ou se sentir mal à l'aise face aux expressions émotionnelles. Ils peuvent avoir une préférence pour une approche plus rationnelle et pragmatique, ce qui les pousse à minimiser ou à ignorer les émotions des collaborateurs.

3. Perception de la vulnérabilité : Certains managers peuvent voir l'expression des émotions comme une forme de vulnérabilité ou de faiblesse. Ils peuvent craindre que les collaborateurs émotionnellement expressifs soient moins compétents ou moins capables de gérer les défis professionnels. Ainsi, ils peuvent minimiser les émotions pour maintenir une image de force et de maîtrise.

4. Manque de compétences en intelligence émotionnelle : Les managers qui n'ont pas développé leurs compétences en intelligence émotionnelle peuvent avoir du mal à reconnaître, comprendre et gérer leurs propres émotions ainsi que celles des autres. En conséquence, ils peuvent minimiser les émotions des collaborateurs plutôt que de les traiter de manière appropriée.

5. Pression ou stress professionnel : Les managers peuvent être confrontés à des pressions ou à un stress élevé dans leur rôle, ce qui peut les rendre moins réceptifs aux émotions des collaborateurs. Ils peuvent être concentrés sur les résultats ou les objectifs à atteindre, ce qui peut les amener à minimiser ou à négliger les émotions des autres.

Comment faire face à la sous-estimation des émotions au travail ?

1 - Identifiez vos émotions : prenez conscience de ce que vous ressentez et identifiez vos émotions de manière précise. Cela vous permettra de mieux comprendre vos propres sentiments et de les exprimer de manière claire et constructive.

2 - Communiquez ouvertement : exprimez vos émotions de manière calme et respectueuse à votre manager. Expliquez-lui l'impact que ses commentaires ou son attitude ont sur vous et votre bien-être au travail. Soyez précis dans vos explications et restez ouvert à une discussion honnête. ‘

→ Exprimez clairement vos sentiments et vos besoins, en évitant de les juger ou de les critiquer. Utilisez des phrases comme "Je ressens... parce que..." pour expliquer l'impact de la sous-estimation de vos émotions et suggérer des améliorations.

3 - Renforcez votre confiance en vous : rappelez-vous que vos émotions sont valides et importantes. Travaillez sur le renforcement de votre niveau de confiance et en vos compétences professionnelles. Cela vous aidera à vous affirmer davantage et à faire valoir vos émotions légitimes.

4 - Cherchez du soutien : parlez de la situation à des collègues de confiance, à un mentor ou à un professionnel des ressources humaines. Ils pourront vous apporter un soutien et des conseils supplémentaires pour faire face à la situation et trouver des solutions constructives.

5 - Développez vos compétences en intelligence émotionnelle : en renforçant vos compétences en intelligence émotionnelle, vous serez mieux équipé(e) pour gérer vos émotions et interagir de manière constructive avec votre manager.

→ Apprenez à reconnaître et à réguler vos propres émotions, ainsi qu'à comprendre les émotions des autres. Cela peut contribuer à améliorer la communication et les relations professionnelles.

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